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1936 : La victoire du Front populaire

Les élections législatives du mois de mai consacrent le triomphe de la gauche.
Albert Sarraut démissionne et Léon Blum lui succède le 4 juin.

La Victoire sur le tas :

La France connaît à ce moment-là une formidable explosion sociale : une vague de grèves d'un style nouveau, grèves avec occupation d'usines qui touchent plus de deux millions de salariés. Le mouvement commence le 11 mai aux usines Bréguet du Havre. Le 13, il gagne les ateliers Latécoère de Toulouse... Le 26, la grande vague atteint la métallurgie dans la région pari­sienne : Farman à Boulogne-Billan­court, Nieuport à Issy-les-Mouli­neaux, Lavalette, Renault, Citroën... Alors que Léon Blum constitue son ministère, le phénomène fait tache d'huile. Tous les secteurs de l'acti­vité commerciale et industrielle sont paralysés à Paris et en pro­vince : grands- magasins, mines, im­primeries, alimentation, bâtiment... Ces grèves spontanées sont rapide­ment récupérées par le parti communiste pour pousser « Blum à l'action ». Mais, avant tout, ce sont les grèves de l'euphorie de la vic­toire électorale ; grèves de défoule­ment du monde ouvrier impatient de voir se concrétiser les promesses du Front populaire, après des dé­cennies d'assujettissement patro­nal ; grèves de la dignité retrouvée. La participation des femmes y est très importante, à la mesure de leurs difficultés, car leurs salaires sont très bas, les vexations et les brimades sont monnaies courantes l'opinion les rendant responsables du chômage masculin. Dans les usines, les magasins, les travailleuses réclament l'égalité et découvrent la solidarité et la fraternité. Les grèves prennent alors un air de fête. L'accordéon et la T.S.F. entrent dans la danse, Tino Rossi et Mistinguett viennent chanter, on organise des loteries, des bals...

Les remèdes du Dr BLUM :

Pressé de toutes parts de trouver une solution à la situation née des grèves, Léon Blum propose, dans le droit fil de la politique du président Roosevelt, une politique de réactiva­tion du pouvoir d'achat, principale­ment en faveur des plus démunis, afin que ceux-ci réinjectent dans l'économie du pays ce réajustement de leurs revenus qu'ils réclament à corps et à cris. Quant à la plaie du chômage, il pense pouvoir la guérir en réduisant le temps de travail des salariés sans diminuer leurs sa­laires. Ce qui devrait conduire les patrons à engager de nouveaux travailleurs pour maintenir leur production. Autant de « solutions miracles », d'ailleurs inscrites au programme du Front populaire ré­sumé par le slogan « Le Pain, la Paix, la Liberté », qui débouchent sur la signature des Accords Matignon.

Les lois de la LIBERTE :

Le 5 juin, Léon Blum réunit à l'Hôtel Matignon les délégués de la Confédération générale de la production française (C.G.P.F.), qui représentent le patronat, et ceux de la Confédération générale du travail (C.G.T.) pour leur soumettre un projet d'accord qui, est finalement signé dans la nuit du 7 au 8 juin. Les Accords Matignon prévoient une augmentation de 7 % à 15 % des salaires ; la signature de conventions collectives si l'une des parties en fait la demande; la reconnaissance du droit syndical aux ouvriers et l'élection de délégués du personnel dans chaque entreprise. Les ouvriers doivent en échange mettre fin aux grèves et aux occupations d'usines. « Il faut savoir terminer une grève dès que satisfaction a été obtenue » dit Maurice Thorez. Deux lois ayant pour double but de lutter contre le chômage et d’améliorer le sort des ouvriers sont votées en complément des Accords  Matignon. D'une part la loi qui,  pour la première fois dans l’histoire sociale de la France, accorde quinze jours de congés payés (dont douze jours ouvrables) aux salariés ; d'autre part, la loi sur la semaine de 40 heures.

Ces mesures sociales s'accompa­gnent de réformes structurelles : création de l'Office national du Blé, nationalisation des industries de guerre, des usines d'aviation et de la banque de France, réformes de l’enseignement, avec la prolongation de scolarité obligatoire de treize à quatorze ans... Et d'autres.

 Les premiers  « congés payés » voient à l’horizon l'aube d'une ère nouvelle. Car le grand élan social et politique s'accompagne d'un vaste et profond mouvement culturel, dont l'écrivain Jacques Soustelle résume  ainsi la devise : « Ouvrons les portes de la culture, brisons la muraille qui entourait, comme un beau parc interdit aux pauvres gens, une culture réservée à une élite de privilégiés ! ».

Lorsque à l'Alhambra se joue la pièce de Romain Rolland, Quatorze Juillet les spectateurs euphoriques entonnent en  choeur La Marseillaise. Tout cela ressemblerait-il à une révolution ?

(D’après « Les années mémoires -1936- Larousse)

Défilé rue St Martin à Soissons
Défilé rue St Martin à Soissons

 
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