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Le courrier du Mélinois N°07 1946 Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail

 SOMMAIRE N°7 Mai –Juin 1946

Page 1 :

- Le mot du Patron  « A propos de solidarité »  par Edouard Mélin
- Avances Mélinoise   par R. Paillard,  Ingénieur social

Page 2 :

-Tribune Libre :
 Pour mieux connaître notre clientèle par B Lefevre - Albaret,  Dessinateur d’étude
 Aimer son métier (dédié aux jeunes) par R. Fleury, Directeur succurssale de Fargniers
- Une citation de LACORDAIRE

Page 3 :

- « Documentation Civique » : loi électorale « mort-née » par  Maurice Pinon,  Secrétaire de Direction
- Stage au Comité des Prix, Rapport de M. Harmand Léonce, aide mécanicien à Fargniers
- Une citation de FOCH

Page 4 :

- Un peu d’humour : «   C’ Grand Gars du MELINOS… » Bande dessinée,
  2 Histoires à raconter en famille
- Dans les familles MELINOISES : Naissances mariages

Page 5 :

- « Monsieur Edouard Mélin reçoit une délégation des ouvriers de Soissons »  par M. Andrillon, secrétaire personnel.
- NECROLOGIE : à propos de M. MERCIER  décédé en déportation
- Une citation de Raguenault de Vieville

Page 6 :

-Tableau des rémunérations – Avril 1946
Une Citation

Page 7 :

- Anniversaire de M. EDOUARD : discours de M. Lefevre chef- comptable, réponse de M. Edouard
- Propos du Glaneur :
Ne perdons aucune occasion de nous instruire, par  Maurice Pinon,  Secrétaire de Direction

Page 8 :
- Stage au comité des prix, fin du rapport de M. Harmand Léonce, aide mécanicien à Fargniers. Commentaires de M. Mélin.

                                     LES TEXTES 

 Page 1

LE MOT DU PATRON                     Courrier du Mélinois N°7            (Mai-juin 1946)

A propos de «  Solidarité »
  Dans l'article « Solidarité » paru dans le numéro du «Courrier du Mélinois » d'avril 1946, j'ai remarqué un peu tard malheu­reusement un commentaire qui s’accorde mal avec l’esprit des Ateliers Mélin.

Le moins qu'on en puisse dire est qu'il constitue une mala­dresse dans un développement relatif à la solidarité. Plusieurs  moins portés à l'indulgence, ont d'ailleurs souligné son caractère injuste et déplacé à l'égard d'un collaborateur apprécié de tous les membres` des Ateliers Mélin.

Le Directeur de succursale visé compte en effet parmi les meilleurs éléments que j'ai rencontrés au cours d'une carrière déjà longue. Energique, courageux, foncièrement honnête, d'une conscience professionnelle très poussée, il est capable de prendre des responsabilités, de mener à bien les tâches les plus diffi­ciles, de remplir  les missions les plus délicates. Toujours prêt à rendre service, il a su créer autour de lui une ambiance d'amitié et de déférente sympathie. Ses collègues et ses subordonnés ont été touchés plus que lui par l'allusion désobligeante et discourtoise contenue dans l’article précité.

Il était possible de définir la solidarité sans faire preuve, au cours même du développement d’un certain esprit de désunion.

La culture de cette vertu implique la possession d’un faisceau de qualités : finesse, tact, amabilité, affection, altruisme et par-dessus tout, esprit de justice.

Si l’auteur de l’article était allé au fond de sa pensée, je n'aurais, certes, pas à, faire aujourd'hui cette mise au point en faveur d'un homme qui a eu dès son entrée aux Ateliers Mélin, ma confiance, une confiance qui n'a cessé d'ailleurs de s’accroître pour devenir aujourd'hui une solide amitié.

­

Aussi, je lui devais de dissiper le moindre doute et de ne laisser subsister aucune équivoque à son égard. Mais toute action concourt au bien des hommes de mérite et me plaçant à ce point de vue, je devrais remercier l'auteur de la phrase malencontreuse qu’il a écrite, car il me permet en effet, d’exprimer, ici, à ce Directeur de succursale, les sentiments que je professe à son endroit.

Toutefois, est-ce tellement nécessaire ? Ce Directeur sait bien que je me prépare à lui donner comme récompense de ses ser­vices et comme preuve de la confiance que je lui ai accordée, un poste dans une Société dont la formation est à l’étude.

Ceci fera plaisir, je l’espère, qui l’aiment et l'estiment à sa juste valeur, si j'en juge par leur réaction heureuse au moment où ils l'ont cru visé.

Cette attitude me rappelle un peu les heures que j’ai vécues au cours de la  guerre 14-18 où des soldats ayant vu leur capitaine gravement blessé n’ont pas hésité à se porter à son secours malgré l’extrême danger.

En dehors de l’héroïsme du geste, voilà un bel exemple de  solidarité, d’attachement qui mérite d'être suivi et médité par tous.

 Je connais d’autant mieux ce trait glorieux que j’ai été ensuite accepté pour remplacer à son poste cet officier tant aimé.

Edouard MELIN


Avance Mélinoise                        ( Le courrier du Mélinois N°7 Mai-Juin 1946)

 

L'article de « Paris - Presse », reproduit dans notre précédent numéro, ne constitue pas une manifestation isolée; mais n’est qu'un épisode dans le mouvement d'idées duquel doit sortir une solution humaine et française des rapports entre le capital et le travail.

Sur un autre plan, et pour précéder les intentions ministé­rielle, un Syndicat patronal invite ses adhérente à étudier dès maintenant un système qui permettra de payer les ouvriers au rendement et il ajoute : « Votre bureau des prix devra vrai­semblablement être contrôlé par le Comité d'Entreprise ou une représentation syndicale ».

 

Arrêtons ici ce coup d'œil sur l'extérieur et examinons où nous en sommes aux Ateliers Mélin.

Pour nous, le système est trouvé et les relations entre la Direction et le Personnel sont en voie de normalisation, puis­qu' avec l'artisanat dirigé, les ouvriers ne sont plus des prolé­taires, mais des travailleurs traitant avec un client un contrat,

d’entreprise nettement défini. Dans la réalisation de ce contrat, l'ouvrier ne trouve plus seulement son salaire « botte de foin », c'est-à-dire le salaire minimum qui lui permet tout juste de refaire ses forces, mais bien la possibilité de subvenir à tous les besoins matériels et moraux de sa famille.

Les Mélinois sont donc en avance sur les projets gouverne­mentaux, qui ne prévoient le nouveau mode de salaire que du côté utilitaire sans faire place au côté humain: ils sont encore en avance quant à la composition du bureau de détermination des temps.

Dans toutes les entreprises bien organisées, ce bureau des temps existe, il est là pour exiger du personnel le meilleur rendement possible.

Notre comité des Prix est lui, conçu sur un autre plan. Il n'est pas un organisme patronal dont on doit envisager à  brève échéance, un contrôle par une organisation ouvrière permettant de s'assurer de l'équité de ceux qui fixent les prix. Le Comité des prix est un organisme d'arbitrage entre l'ouvrier qui demande une certaine somme, le contremaître qui, dans l'atelier estime le travail considéré et le client qui finalement paie la réparation. Les arbitres sont à tour de rôle les ouvriers eux-mêmes qui viennent à Soissons établir en accord avec les membres perma­nents, et sans intervention de la Direction, les catalogues, de prix des réparations.

La présence des ouvriers ne gêne pas la Direction, bien au contraire et la meilleure preuve est qu'un représentant du Comité d' ‘ Entreprise et un stagiaire au Comité des Prix, assistent tous les quinze jours, sous la présidence de MM. Edouard et Gantard, au Comité de Direction, où sont réunis les Directeurs de succursales et les Chefs de Service.

 

A une réunion à laquelle assistait un certain nombre de Directeurs de Service sociaux, l'un de nous pouvait dernière­ment exposer cette conception audacieuse des rapports entre le Personnel et la Direction, et chacun s’étonnait d'aucuns même s’effarouchaient de cette avance mélinoise. Cela n'a été rendu possible que parce qu’à coté de la volonté patronale, les ouvriers et les employés sont décidés à  y mettre du leur, pour  que  règne sur l'entreprise : l’esprit MELIN.

 

Sans doute, nous avons encore beaucoup d'efforts à faire,  rnais sur la route qui doit apporter aux travailleurs une amélioration morale et matérielle, quel est celui d'entre nous qui refuserait de s’engager.

R. PAILLARD Ingénieur social

Page 4 : 

 
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